Angèle : un classique de Pagnol

La compagnie Cartoun Sardines Théâtre joue sur scène, le vendredi 24 mai à 21h, à l’Espace Saint-Exupéry, « Angèle » tiré du film de Marcel Pagnol, lui-même adapté du livre « Un de Baumugnes » de Jean Giono. La pièce superpose à la narration le tournage du long-métrage.

Pourquoi avoir décidé d’adapter sur scène ce film de Marcel Pagnol ?

Je suis natif de Marseille, et Marcel Pagnol a bercé mon enfance. Evidemment, faisant du théâtre, et adaptant beaucoup de choses, je me suis toujours dit qu’un jour je monterai un Pagnol, mais c’était un peu délicat, voire sacré, et je ne pouvais pas faire n’importe quoi : j’ai trop de respect pour l’auteur et ses œuvres. Je me suis dit qu’il fallait vraiment une bonne idée. J’ai choisi l’œuvre d’Angèle en relisant le roman de Jean Giono, écrit cinq ans avant le film de Marcel Pagnol.

Il y a un lien fort, dans votre pièce, entre cinéma et théâtre. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

La Compagnie a toujours été attirée par le cinéma au théâtre. Je suis très influencé par la lumière, le montage, les effets cinématographiques…. Je suis aussi sensible au rythme que l’on peut trouver dans un film. J’ai lu quelques documents concernant le tournage d’Angèle de Pagnol, qui s’est passé dans les collines de Provence. Je me suis dit : « Réinventons le tournage de cette histoire », et mettons au centre du plateau un travelling. Il n’y a ni caméra ni micro : tout est représenté par le corps des acteurs. On joue toute l’histoire, et évidemment la particularité c’est que les six acteurs jouent à la fois les personnages, et les techniciens du film. Tout est chorégraphié et une machinerie au centre simule les différents lieux et plans du film. On est fidèle à l’oeuvre, et en même temps on prend beaucoup de libertés. Le texte est à la fois tiré du film et du livre : il y a donc les deux matières. Et le spectateur devient complice de l’histoire, voire même des erreurs qui sont commises pendant le tournage.

Est-ce que vous pouvez-vous nous raconter l’histoire ?

C ’est l’histoire de paysans de Provence dans les années 30 : le père, la mère et la fille unique, Angèle. Cette dernière rencontre un travailleur marseillais qui fait les champs. Elle tombe amoureuse. Il l’amène à la ville et là, malheureusement, la met sur le trottoir. C’est une histoire marquante de l’époque, qui a du sens. Un an après, elle revient à la ferme, un peu contrainte et forcée, avec un enfant. Et là c’est le drame absolu, puisque c’est un « bâtard » comme on disait à l’époque, et qui est donc le déshonneur de la famille.

Dans les années 30, c’était un véritable drame de ne pas avoir de père. Aujourd’hui, on voit les choses différemment. Une des libertés qu’on s’octroie dans la pièce, c’est que l’actrice prend la parole d’une femme qui se défend d’être libre… C’est un mélodrame, et en même temps, nous prenons la distance nécessaire avec l’œuvre, d’où naît le comique…

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