En avril, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) était présente au Bois des Éboulures. Dans le cadre de la convention « Refuge » signée en 2017 avec l’association, des points d’écoute y ont été programmés tout au long de la journée afin d’affiner l’inventaire de la faune existante dressé jusque-là.
À travers de nombreux dispositifs, la ville réaffirme sa volonté de protéger le Bois des Éboulures et les espèces qui y cohabitent avec notamment la convention « Refuge » signée avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Cette action vise à préserver durablement la faune et la flore locales. Pour cela, la LPO procède à différentes interventions dans l’année. En mars et en mai, elle vient étudier les populations d’amphibiens et de rapaces nocturnes comme la chouette hulotte. Les libellules sont inventoriées à l’état adulte entre juin et septembre. Et en avril, ce sont les oiseaux que vient observer l’organisme. Jumelles, appareil photo et bloc-notes à la main, Florent Huon, chargé d’études de la LPO, sillonne les différentes parties du bois en tendant l’oreille durant plusieurs heures pour repérer les espèces à répertorier. « C’est un Pouillot Véloce que l’on entend là-bas, devine Florent Huon lors de l’opération. Très caractéristique, son chant fait penser à des pièces de monnaie que l’on poserait sur une table, d’où son surnom « compteur d’écus ». Un deuxième passage de la LPO doit être fait en ce mois de juin pour étudier les espèces d’amphibiens ou encore les oiseaux diurnes.
Inventaire saisonnier
Quatre ans après les premiers inventaires réalisés dans le Bois des Éboulures, Florent Huon vient ainsi voir comment se portait la biodiversité et de quelles façons évoluaient les milieux selon les actions qui ont été progressivement préconisées. « On note tous les oiseaux qui sont entendus ou vus avec certains critères. Si on les entend chanter sur deux passages, il y a de fortes chances qu’ils soient nicheurs sur le site. Pour ce passage, nous arrivons à un total de 27 espèces contactées dont parmi elles, cinq espèces qui n’ont pas été repérées en 2017 : le Pigeon Colombin, le Pigeon biset, la Grive draine, la Bergeronnette grise, énumère le référent LPO avant de conclure : la biodiversité se maintient, de nouvelles espèces sont vues et d’autres non, mais il manque encore un passage qui peut réserver des surprises. Il faut parfois du temps pour que la gestion porte ces fruits et notamment pour les espèces de lisières forestières. »
Depuis peu, le retour du chardonneret et du verdier a été constaté. Ces deux espèces ont pu se réinstaller dans le Bois grâce à la réhabilitation de ses lisières. Dans son rapport initial, l’organisme de protection des oiseaux note que le Bois des Éboulures possède « un potentiel écologique fort pour la faune et la flore régionales, les espèces observées sont représentatives des milieux en présence, par comparaison le site accueille sur une plus petite superficie, dans ses boisements, zones ouvertes et milieux humides autant d’espèces d’oiseaux qu’inventoriées sur l’ensemble de la Forêt de la Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Soit 30 espèces. Le plan d’eau […] bénéficie aux amphibiens, odonates, et aux hérons. Les hirondelles (espèce en grand déclin -40 % en 20 ans) et les martinets y trouvent un garde-manger et pour ces premières un élément primordial à la conception des nids. »
Ce suivi minutieux de l’état du site et la poursuite des évolutions mises en place pour préserver sa biodiversité et attirer de nouvelles espèces permettent d’assurer une gestion vertueuse de ce poumon vert préservé de l’urbanisation depuis près de quarante ans. « Lorsque l’on apprend que ce bois abrite autant d’espèces, c’est une fierté pour les Franconvillois. C’est une richesse inestimable que nous nous devons de préserver », souligne Nadine Sense, Adjointe au maire chargée des espaces verts et de l’environnement. Parmi les préconisations en passe d’être réalisées, il y a l’extinction des lampadaires durant la nuit. En modifiant les cycles naturels jour/nuit, l’éclairage nocturne perturbe le fonctionnement des espèces vivantes. « La pollution lumineuse touche tous les groupes, tous les taxons et tous les milieux, en fragmentant ou supprimant des habitats, en perturbant le comportement des espèces, en altérant les repères des animaux », rappelle Nadine Sense. L’éclairage artificiel présent dans le Bois des Éboulures sera dès juillet prochain éteint de minuit à 5 h du matin.
Et vous, quels sont vos écogestes ?
Franck – 57 ans – Quartier des Fontaines
« Nous trions tous nos déchets depuis des années et comme je fume, je transporte toujours avec moi un cendrier de poche. Je me sers d’une boîte de bonbons métallique et hermétique pour éviter les odeurs. Je viens également d’acheter de quoi faire une zone de bzzz (espace semé de fleurs avec beaucoup de nectar et sans pesticide) pour attirer les insectes pollinisateurs et leur fournir un bol alimentaire. »
Fabienne – 69 ans – Quartier Jean Monnet
« Je donne toutes mes épluchures de légumes à mon fils. Il en fait du compost et nourrit aussi ses poules avec. Comme ça rien ne se perd ! Chez moi, je débranche tous les appareils électroménagers quand on ne s’en sert plus. Cela permet de faire des économies et de consommer moins d’énergie. C’est mieux pour la planète. »
Moustapha – 37 ans – Quartier de l’Hôtel de ville
« Je me suis habitué à trier le moindre déchet car nous sommes bien équipés en bacs et en bornes enterrées. Tous ces aménagements nous poussent à faire attention. Même quand je vais courir au Bois des Éboulures, dès que je croise un déchet, je prends le temps de le ramasser pour le jeter. Quand on a un environnement propre, on a envie de le garder. »
Océane – 24 ans – Quartier de l’Hôtel de ville
« Je veille à respecter les règles de tri pour bien recycler nos déchets. J’apprends à mon fils à ne rien jeter par terre et à ramasser les déjections de notre chien. C’est quand même plus agréable de vivre dans un environnement propre. »
Le saviez-vous ?
Le pain est mortel pour les oiseaux
Installés dans le Parc Cadet de Vaux et autour de la mare du Bois des Éboulures, des panneaux rappellent l’interdiction de donner du pain aux canards. Que ce soit pour leur santé ou l’environnement, cette pratique est néfaste. Cette alimentation n’est pas adaptée, elle entraîne des carences et certains composants ajoutés au blé comme le sel est nocif pour les oiseaux. Il peut à fortes doses bloquer les reins et le cœur entraînant la mort du volatile. Les effets sont les mêmes pour les oies, les cygnes ou les pigeons. Et lorsqu’il n’est pas ingéré, le pain pourrit dans l’eau et peut engendrer la prolifération de bactéries à l’origine de maladies mortelles pour les volatiles, comme le botulisme et la salmonellose. Ainsi, il est préférable de donner aux oiseaux des graines, du maïs, de la salade.
Projets à venir
Durant la première année d’intervention de la LPO, un radeau a été aménagé au milieu de la mare pour donner aux canards, aux poules d’eau et aux hérons une zone de repos et de nidification à l’abri des prédateurs. L’installation d’un second ilot est prévue cette année. En 2018, la brigade équestre a vu le jour pour assurer la sécurité et la tranquillité du bois. Des panneaux d’information et de sensibilisation agrémentent désormais les promenades dans le bois et des nichoirs à mésanges ont été posés pour faciliter leur retour dans la région et renforcer en parallèle la lutte contre la chenille processionnaire. Car cet oiseau est un prédateur de la processionnaire du chêne et sa présence permet de contrer naturellement sa propagation.
« Nous avons installé début avril 24 nouveaux nids à mésanges et 7 nids à moineaux », indique Roger Cartret, un Franconvillois engagé lui-aussi avec la LPO. « Nous avons l’intention d’installer des nichoirs à chauve-souris », ajoute Nadine Sense. En tout, 69 nichoirs ont été installés, une mare forestière a été préservée et une seconde a été nettoyée et dégagée. C’est donc trois mares qui sont maintenant présentes dans le Bois depuis les premières visites de la LPO en 2017. Les zones humides ont l’avantage de créer un micro climat et de réguler la température et contribue à une biodiversité remarquable du territoire. En milieu forestier, les mares renferment sur un petit espace une grande proportion d’espèces végétales ou animales protégées.
Création d’ilot de fraicheur
Les lisières et les zones de fauchage tardif constituent également un refuge pour les oiseaux et rongeurs et elles s’ajoutent aux ilots de fraicheur qui vont se multiplier dans la ville. Ces espaces préservés, étaient jusqu’à maintenant essentiellement situés dans le Bois des Éboulures. Ils vont être développés dans d’autres lieux de Franconville afin de permettre à différentes espèces de trouver plus de refuges et de lieux de nidification. Ces abris naturels pour insectes, oiseaux et rongeurs s’ajoutent à ceux visibles dans certains troncs d’arbres abîmés qui, au lieu d’être abattus, sont coupés en chandelle. Cela permet le maintien voire le développement de la biodiversité. Pour offrir aux insectes pollinisateurs un bol alimentaire riche, deux zones de prairies fleuries ont également été aménagées cette année à côté de l’Église Sainte-Madeleine et à proximité de la caserne des pompiers et du rucher. Et si la végétalisation des villes profite à la faune, c’est aussi un sujet crucial pour les habitants. « Dans les prochaines décennies, les températures pourraient effectivement grimper de deux à quatre degrés dans les métropoles. Le climat change et nous avons des périodes de canicule de plus en plus longues, et par conséquent de sècheresse, mais alternées avec de fortes pluies orageuses. Celles-ci ne parviennent plus à pénétrer et hydrater la terre et se perdent dans les réseaux d’assainissement alors que nous avons tellement besoin d’eau », explique Nadine Sense. En effet, les villes emmagasinent la chaleur. Il devient de plus en plus nécessaire de créer des îlots de fraîcheur, des jardins qui consistent à générer de la fraîcheur grâce à la transpiration des plantes. Plantation d’arbres, végétalisation des murs, créations d’espaces verts ombragés, utilisation de matériaux plus clairs et captant moins la chaleur… « La ville de demain sera résolument plus résiliente et doit offrir à ses habitants des espaces de fraîcheur. D’où la nécessité de redonner de la place à la nature en ville et de rafraîchir les espaces, estime l’élue. Nous allons étendre dans le Bois des Éboulures les lisières au bord des chemins, les deux zones humides identifiées seront nettoyées et maintenues. »
En parallèle, des ilots de fraicheur vont sortir de terre cette année sur le parvis de l’Espace Saint-Exupéry et sur le rond-point de la Plaine du 14 Juillet. Enfin, une opération de reboisement du Bois des Éboulures est prévue l’année prochaine avec l’ajout d’essences d’arbres au niveau de la partie limitrophe à Montigny-lès-Cormeilles.