Le 14 janvier, l’Espace Saint-Exupéry invite le public à découvrir Daniel Auteuil en toute intimité. Dans son spectacle inclassable Déjeuner en l’air, il entonne une conversation musicale autour des textes de Paul-Jean Toulet, un poète français du début du XXe siècle, enrichie de textes d’auteurs français et d’anecdotes sur sa carrière. Pour ce spectacle musical dont les arrangements sont signés Gaëtan Roussel, Daniel Auteuil s’accompagne à la guitare et s’est également entouré d’un guitariste et d’un pianiste. Un rendez-vous à ne pas manquer et à apprécier sans modération. Petit aperçu à travers un entretien avec cet artiste.
Georges Brassens et Jean Ferrat se sont inspirés de poètes dans leurs chansons. La contrerime de Paul-Jean Toulet se prêtait-elle bien à une transcription musicale ?
« Beaucoup de chanteurs ont été inspirés musicalement par des poètes. Tout d’abord parce que la poésie est la perfection-même, le langage est beau et l’émotion est très forte. Ce que j’aime chez Paul-Jean Toulet, c’est son écriture qui était absolument moderne et c’était un auteur qui pouvait rappeler dans ses textes un Verlaine ou un Rimbaud. J’ai été étonné qu’il ne soit pas plus connu que ça. A force de les lire, j’ai eu envie de mettre ses textes en musique et de partager ce plaisir que j’y trouve à travers ce spectacle. »
Qu’est-ce qui vous plait plus particulièrement dans l’œuvre de ce poète et auteur français ainsi que dans les textes d’Apollinaire ou encore de Baudelaire que vous remettez également au goût du jour dans ce spectacle ?
« Au fond, c’est surtout ce que ce type raconte sur cet espèce de désenchantement, son rapport à l’amour et sa façon d’assembler les mots qui me plait. Par rapport à un poète classique, il avait un balancement des vers qui bouscule quelque chose que ce soit à la lecture ou en les chantant. J’ai été touché par cet homme qui m’a semblé bien malheureux et qui parlait de ses amours perdues. Et j’ai voulu en profiter pour partager les textes d’autres auteurs connus, c’est tellement beau ! »
Pour ceux qui n’ont pas connu « Que la vie me pardonne » ou d’autres titres que vous avez interprétés, il est étonnant de vous découvrir aujourd’hui dans ce registre. Qu’est-ce qui vous attire dans la musique et la chanson ?
« J’aime ça depuis toujours et la vie en a décidé autrement. C’est une passion qui reste intacte. Mes parents étaient chanteurs d’opéra. Chanter m’a permis quand j’étais jeune homme de pouvoir travailler dans la comédie musicale. Un monde sans oiseaux serait triste. La musique est un facteur d’émotions, c’est une drôle de chose dont je ne pourrais me passer. C’est un élément qui accompagne la vie. C’est quelque chose qui m’est essentiel en tout cas. »
Depuis vos débuts en comédie, les spectateurs vous connaissent beaucoup à travers les films pour lesquels vous avez été césarisé et pour d’autres qui ont fait rire plusieurs générations mais aussi pour les nombreuses pièces dans lesquelles vous avez joué. Après toutes ces expériences, qu’est-ce qui vous anime le plus aujourd’hui dans l’univers du spectacle ?
« La création. Que ce soit en musique, comme pour ce spectacle, ou la comédie, c’est ce qui me plait. Déjeuner en l’air est un moment privilégié que je ne saurais définir vraiment et il suscite quelque chose d’excitant. Quand on a le cœur trop plein, on a envie de chanter. C’est un moment de rencontre avec le public mais aussi d’intimité car je parle de moi. Un pur moment de plaisir à partager, selon moi. »