Entretien avec Xavier Melki, Maire de Franconville

L’année 2023 commence et déjà beaucoup d’incertitudes planent avec les crises économique et énergétique qui frappent le pays. Malgré tout, Xavier Melki, Maire de Franconville, relevant les défis actuels nous fait part des projets pour Franconville demain.

Quel bilan pouvez-vous faire de 2022 ?

Je pense que c’est difficile de tirer un bilan sur une année. Tout va tellement très vite, aujourd’hui ce ne sont plus des années mais des séquences que nous vivons. Il y a la séquence de la guerre en Ukraine, la séquence Covid, la séquence économique, la séquence énergétique… On ne vit que des séquences et on vit dans l’immédiateté. En fait, j’aimerais bien tirer un bilan de l’année mais j’en suis incapable. J’ai le sentiment que la Covid a bousculé la perception temporelle que nous avions tous et aujourd’hui nous nous retrouvons à devoir gérer des séquences ce qui est dramatique en politique parce qu’il est difficile de voir à long terme. Nous n’arrivons plus à nous projeter alors que le propre de la politique c’est de prévoir demain.
Au milieu de toutes ces séquences fortes nous retrouvons quand même un point positif qui est le rapport au gens. La profonde générosité et bienveillance existent. Quand nous faisons appel à la solidarité c’est extraordinaire ce que nous avons à Franconville. Pour les collectes de l’Ukraine, nous avons réussi à remplir des camions entiers de dons. C’était extraordinaire.

Avec la crise énergétique, le budget va être soumis à de grosses tensions en 2023, comment cela va impacter Franconville ?

Des choix courageux sont à faire. Certains seront populaires, comme la réhabilitation de l’Espace Saint-Exupéry qui va nous permettre d’économiser 70% d’énergie et d’autres seront plus impopulaires comme les réductions de certains services ou encore l’augmentation des recettes avec la fiscalité et l’augmentation de certains tarifs. Notre rôle va être d’équilibrer tout ça. Il est important de rappeler que seul l’État en France peut se permettre d’avoir un budget déséquilibré. Les villes, elles, doivent avoir obligatoirement des budgets équilibrés et le nôtre va croître de quasiment 10%. Tout va augmenter car les villes ne sont pas exemptes de l’inflation que tout le monde connaît. Mais contrairement aux ménages, les villes, elles, ne peuvent pas bénéficier du bouclier tarifaire de l’État. De plus, comme les dotations de l’État ne sont à ce jour pas indexées sur l’inflation, nous avons des charges qui augmentent mais nous n’avons pas d’aide financière qui arrive pour pallier ces augmentations.

Pensez-vous que nous pouvons tourner ce défi de sobriété énergétique à notre avantage ?

C’est exactement ce qu’il faudrait faire. Depuis longtemps, nous avons tout fait pour travailler au désendettement de Franconville. L’année dernière par contre nous avons emprunté 18 millions juste avant l’augmentation des taux. Cet argent qui va nous permettre de faire des travaux dans beaucoup d’établissements comme l’école de la Gare-René Watrelot, le complexe Raymond
Blaisel, les vestiaires du Stade, le poste de Police municipale ou encore l’Espace Saint-Exupéry…
Toutes ces rénovations vont nous apporter sur le long terme de très grosses économies d’énergie et d’argent. À Franconville nous avons eu la chance d’avoir beaucoup d’équipements très tôt mais évidemment à l’époque, les normes énergétiques et d’isolation n’étaient pas du tout les mêmes qu’aujourd’hui. Nous devons donc remettre au goût du jour nos infrastructures et notre patrimoine. Ce n’est pas facile car les retombées positives de ces chantiers ne seront pas immédiates mais elles valent vraiment le coup. Nous sommes en train d’investir pour demain et le positif de nos actions se verra dans quelques années.
Sur le volet énergétique nous avions déjà tous une conscience environnementale mais là aujourd’hui nous y sommes confrontés de manière forcée pour faire des économies et finalement ce n’est peut-être pas une mauvaise chose.

Comment les élus locaux se sont-ils adaptés et continuent de s’adapter à tous ces challenges difficiles ?

Nous, notre rôle c’est surtout d’essayer de répondre au mieux aux habitants. Ce n’est pas toujours facile car aujourd’hui l’État et les représentants de l’État se détachent de plus en plus des collectivités. Nous, nous faisons tout pour conserver le lien. Les élus locaux c’est la dernière digue de la démocratie. Nous avons cette confiance que les gens nous portent et c’est extrêmement précieux.
Nous nous devons de prendre soin d’eux, de les écouter et de nous occuper d’eux. À Franconville, les élus locaux sont toujours investis dans leur rôle même s’il évolue. Auparavant nous nous occupions que de la vie locale et de la vie des habitants. Maintenant nous devons réussir à atténuer tous les impacts négatifs de l’environnement actuel et il est important que nous soyons suffisamment liés pour faire bouger les lignes au niveau des décisions de l’État.

Franconville a récemment été élue ville la plus sûre du Val-d’Oise et se retrouve en 10e place du classement à l’échelle de l’Île-de-France. Qu’est ce qui a permis à la ville d’obtenir ce résultat ?

La Police municipale de la ville joue bien sûr un rôle majeur dans ce très beau résultat. Nous avons la chance d’avoir commencé tôt à mettre en place une vraie Police municipale. Nous sommes passés de 19 agents à mon arrivée en 2017 à 41 aujourd’hui. Cet effort conséquent, il a un coût, c’est un budget de 2.5 millions d’euros par an.
Mais c’est un choix politique assumé. Trois policiers nationaux pour une ville de presque 40 000 habitants ce n’est pas suffisant et nous, notre travail d’élus c’est de garantir la sécurité des habitants. Mais il n’y a pas que la Police municipale qui joue rôle important pour la sécurité de la ville. À Franconville, nous avons un grand maillage associatif, et ce sont toutes ces associations qui font qu’aujourd’hui nos jeunes sont occupés, suivis et accompagnés. Ces associations investissent les quartiers, interviennent dans les écoles et s’occupent de nos jeunes. C’est un parcours complet de sécurité qui a été construit à Franconville

Pouvez-vous nous parler un peu de la nouvelle école de soutien municipale ?

C’est tout simplement une réponse à un cri de détresse des parents. En décembre certains parents d’élèves ont exprimé leur colère et ils ont eu raison. Conséquence du manque de professeurs, depuis la rentrée, certains élèves de CM1/CM2 n’ont cours qu’un jour sur deux, sachant qu’en 2020 et en 2021 cette classe d’âge avait déjà dû subir déjà la Covid. Les élèves accumulent un retard considérable sur le programme de l’Éducation Nationale et ce n’est pas normal. Si nous nous projetons plus loin, ces enfants ce sont les docteurs de demain, ce sont des futurs professeurs, peut-être même les futurs élus de Franconville. Nous nous devons de leur donner accès à une éducation digne de ce nom. Cette école de soutien municipale ce n’est pas le combat d’un maire contre l’État ou l’Éducation Nationale, c’est le combat d’un maire pour venir en aide aux enfants et leur éviter une rupture de la continuité pédagogique.

Qu’espérez vous pour 2023 ?

Du positif, nous en avons tous grandement besoin. Cela passera par des événements, des fêtes, des animations, tout ce que nous pouvons faire pour ramener un peu de baume au cœur aux Franconvillois et pouvoir partager de beaux moments les uns avec les autres. En attendant, nous vous demandons de nous faire confiance, surtout nos jeunes. Bien souvent la jeunesse d’aujourd’hui est remontée, à juste titre, mais il faut que nous nous fassions confiance, eux et nous. Ensemble, nous allons faire quelque chose de bien, c’est une certitude.

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