JUANJO MOSALINI, un virtuose du bandonéon sur scène le 27 mars*

Pour célébrer le centenaire de la naissance d’Astor Piazzolla, Juanjo Mosalini et son quintet restituent dans les règles de l’art le tango nuevo, ce style de tango créé par le célèbre compositeur et bandonéoniste argentin. Entretien avec Juanjo Mosalini, l’un des plus grands virtuoses de cet instrument à soufflet devenu le symbole emblématique du tango au cours du XXe siècle.

Vous rendez hommage avec votre quintet à l’un des illustres représentants du tango. Comment avez-vous composé pour restituer toute la richesse et la force de sa musique ?

On essaie de jouer son répertoire dans les règles de l’art. L’idée est de faire honneur à un des plus grands ambassadeurs aussi bien au niveau de la composition qu’à celui de l’interprétation. C’est selon moi sa façon de jouer qui a fait de sa musique quelque chose d’universel. En tant que mélomane, la musique de Piazzolla fait partie de ce que j’écoute depuis l’adolescence. Je n’ai pas eu à travailler pour la restituer. »

La bonne musique ne se trompe pas, et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore », écrivait Stendhal. Comment décririez-vous le tango d’Astor Piazzolla ?

C’est avant tout un interprète auquel on ne peut pas rester indifférent. Il y a une certaine rage qui ressort quand on le voit ou qu’on l’entend jouer, comme s’il menait une bataille. Il y a une force qui est incroyable si on écoute certains thèmes comme Soledad ou Mumuki. Quand je joue une mélodie de tango ou d’Astor plus particulièrement, je ressens davantage la force que le côté nostalgique qui est propre à cette musique. L’auditeur perçoit le chagrin dont parle Stendhal mais le musicien, qui le vit de l’intérieur, l’exorcise en s’exprimant. »

Qu’est-ce qui fait selon vous que sa musique ait conquis des orchestres du monde entier ? Quelle est sa particularité ?

Il y a une polémique qui s’est instaurée très tôt. Rejeté par les traditionnalistes, Astor Piazzolla a inventé le tango nuevo, mais il n’était pas le seul à chercher à sortir des carcans. C’est fort de son succès qu’il est devenu le plus grand représentant de cette musique que l’on peut finalement qualifier de classique. »

 Vous êtes le fils de l’une des grandes figures du tango argentin Juan-Jose Mosalini, n’est-il pas compliqué parfois de réinventer le style dont vous êtes l’héritier ?

Je cherche à faire des choses qui me plaisent avant tout. Il est difficile de parler aujourd’hui d’originalité alors que tout a été fait. Je ne prétends pas faire quelque chose de nouveau, cette musique s’est déjà réinventée. Je suis plutôt reconnaissant d’être précédé par ce siècle durant lequel de grands musiciens ont peut-être tout dit. L’héritage est écrasant. Je joue à ma façon et la quête d’originalité n’est selon moi pas une fin en soi. Je pense être de ceux qui n’ont pas de vision sur ce qu’ils font. »

Vous êtes tombé dans le tango dès le plus jeune âge et enseignez, depuis des années, la pratique du bandonéon au Conservatoire de Gennevilliers. Que souhaitez-vous transmettre en priorité lors de vos cours ?

L’essentiel est le goût de la musique, le plaisir de la musique de chambre, le plaisir d’être unis et de poursuivre un même but. Au-delà de l’art qu’elle représente, l’apprentissage de la musique peut apporter énormément de moyens cognitifs. Elle demande une certaine humilité, un respect, une capacité à s’interroger suffisamment pour tout appréhender. Avec de la volonté, de la méthode et de la patience, tout est possible. »

* Sous réserve des conditions sanitaires en vigueur.

 

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