Jean-François CLERVOY, Astronaute

À la découverte de l’espace et de ses mystères.
La mission Mars 2020 et dernièrement le départ de Thomas Pesquet à bord de la Station Spatiale – la mission Alpha – permettent à chacun de rêver. Ce mois-ci Franconville Le Mag’ a souhaité mettre à l’honneur le métier d’astronaute avec Jean-François Clervoy qui a étudié et vécu à Franconville et dont un collège porte le nom.

À quel âge avez-vous su que vous vouliez devenir astronaute et pour quelles raisons ce métier vous a-t-il attiré ?

C’est arrivé en deux étapes, quand j’étais enfant, avec un père pilote, avec les missions Apollo, avec la première série télévisée Star Trek. J’étais fasciné par l’espace.
J’ai commencé à travailler au Centre National d’Études Spatiales, le CNES, sur un projet de sonde franco-soviétique Vega destiné à étudier la planète Vénus et la Comète de Halley. J’avais tous mes brevets de parachutisme et j’étais pilote privé. À 25 ans, alors que je travaillais depuis 1 an, le CNES, a lancé un appel à candidature pour son 2e groupe d’astronautes. Je me suis dit c’est forcément pour moi. C’est du travail d’opérateur de machines, ça se passe dans l’espace et il faut avoir le goût de l’aventure. Je rappelle qu’il ne faut pas confondre astronomie et astronautique, l’astronomie étant la discipline scientifique pour étudier les astres avec des télescopes et l’astronautique étant une discipline technique d’ingénieur pour construire des engins qui fonctionnent dans l’espace. Elles ne sont pour autant incompatibles.

 Quelles sont les parcours possibles pour faire ce métier ?

Le métier d’astronaute, c’est un métier d’opérateur de machines complexes en environnement extrême, hostile, confiné, isolé. Opérateur veut dire agir sur des commandes pour faire fonctionner une machine en fonction d’informations présentées sur des écrans de contrôle en respectant une procédure. Extrême car à l’extérieur, les températures varient de -200 C° à +200 C° et la pression est nulle. Hostile parce que dans l’espace, nous sommes soumis aux rayons cosmiques et aux impacts possibles de micro météorites et de débris qui sont les risques principaux en orbite. Confiné, car il faut être dans un environnement étanche. Et isolé c’est-à-dire loin de toute aide possible. Initialement, on sélectionnait les astronautes parmi des métiers d’opérateurs comme pilotes d’avion de chasse. Aujourd’hui, cela c’est largement ouvert même si on reste dans les disciplines STIM, science, technologie, ingénierie et mathématiques. Les sélections s’effectuent parmi des personnes qui ont déjà un métier, des opérateurs, comme pilote d’avion, pilote d’hélicoptère, plongeur professionnel, nageur de combat, sous marinier, mais aussi des ingénieurs en informatique, en électronique, en matériaux, en propulsion mécanique, ainsi que des scientifiques comme des océanographes, des astrophysiciens…

Quels sont les avantages et les inconvénients d’être astronaute ?

Si on a le goût de l’aventure et de l’exploration, on est au summum de ce qui existe. L’avantage c’est de vivre une expérience sensorielle, émotionnelle, intellectuelle et humaine très forte avec le sens de servir la science, la connaissance et faire progresser les savoirs, probablement la quête la plus noble de l’Humanité.

Au niveau des inconvénients, aujourd’hui la préparation des vols spatiaux nécessitent de souvent se déplacer. Pendant le vol spatial on est loin de sa famille et on part pour plusieurs mois. Le principal inconvénient reste majoritairement le risque élevé du métier, on estime de 0,5 à 1% le risque de catastrophe menant éventuellement à la perte de l’équipage. Ce métier nécessite un engagement physique et mental important mais il n’est pas non plus demandé d’être un champion sportif.

 Le métier d’astronaute est-il un métier d’avenir selon vous et pour quelles raisons ?

C’est un métier d’avenir dans le sens où il y aura toujours des astronautes. Mais qui sera encore longtemps réservé qu’à un nombre très réduit . Il y a une sélection tous les 15 ans en Europe. Ensuite il faut bien sûr être en bonne santé avec un bon bagage académique, BAC + 4 à 5 minimum à BAC + 7 type double master en sciences, en techniques, doctorat, pilote, ou ingénieur de grandes écoles… Malgré cela, on peut vivre les sensations spatiales sans sortir de l’atmosphère à bord vols AirZeroG dont je suis le fondateur.

Quelles sont les qualités à avoir pour revêtir la combinaison spatiale ?

Pour exercer le métier d’astronaute, il faut avoir un bon esprit d’équipe, savoir écouter les autres, savoir faire entendre son propre avis, se respecter et avoir le sens du collectif.

Pour revêtir une combinaison spatiale il faut surtout ne pas être claustrophobe même si c’est toujours très excitant pour quelqu’un qui a le goût de l’aventure, car c’est grâce à cette combinaison totalement fermée qu’on arrive à affronter des environnements extrêmes comme décrits précédemment.

 Quel est votre souvenir le plus marquant dans l’espace ?

Sur le plan sensoriel et émotionnel, c’est sans aucun doute, la vue de la terre ! On appelle ce bouleversement que vivent les astronautes « l’overview effect », le fait de voir la planète de loin, sur un grand champ de vue qui couvre plusieurs milliers de kilomètres à la ronde et qui défile très vite, à 28 000 km/heure avec des changements de saison ou des changements d’éclairage du soleil toutes les 45 minutes. On fait le tour de la terre en une heure et demie soit 16 tours du monde par jour ! Sur le plan professionnel, le plus beau souvenir est évidemment de réussir ensemble des tâches très complexes, comme ce jour de Noël où lorsque j’ai relâché le télescope spatiale Hubble et que le centre de contrôle qui, après l’avoir réactivé par télécommande, nous a annoncé qu’il était 100 % réparé. C’est marquant de vivre la réussite d’une mission très difficile.

 Pour finir, je voudrais dire à tous les Franconvillois que je garde un très bon souvenir de mes années à Franconville où j’ai effectué mon CM2 à l’école Ferdinand-Buisson et mes 6e et 5e au collège Bel-Air. Je me souviens avec plaisir de mes camarades et de mes professeurs et je suis très fier que Franconville ait choisi mon nom pour un collège qui se trouve près de la résidence où j’ai toujours mes parents. Je souhaite à tous les Franconvillois de garder la tête un minimum dans les étoiles, de toujours regarder plus haut, plus loin, de ne jamais désespérer, pour atteindre leurs rêves et surtout de toujours croire à l’avenir avec optimisme. L’être humain est capable de prouesses qu’on n’imagine pas, à condition de le faire ensemble, en collectif.

Enfin je dirais au revoir à tous les Franconvillois sous la forme du Vulcain Spock dans Star Trek qui disait :

« live long and prosper » (Vivez longtemps dans la prospérité)

et je rajouterais : « …en faisant attention à vous et à vous proches ! »

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