L’Espace Saint-Exupéry accueille, un dimanche, un spectacle, à voir en famille : Pinocchio, d’après l’un des plus grands chefs-d’oeuvre de la littérature italienne. Rencontre avec Jérémie Le Louët, metteur en scène de cette adaptation et interprète du célèbre pantin de bois.
Pourquoi avoir choisi d’adapter Pinocchio ?
Un projet de création s’inscrit toujours dans un parcours de metteur en scène, mais aussi, nous concernant, dans un parcours de troupe. Récemment, la Compagnie des Dramaticules a créé Don Quichotte en 2016, Hamlet en 2018 puis Pinocchio en 2020. Ces trois créations témoignent des mêmes interrogations : les questions de la règle, de la tradition et du libre-arbitre mais à trois âges de la vie : l’âge mûr pour Don Quichotte, l’adolescence pour Hamlet et l’enfance pour Pinocchio.
Nous croyons connaître l’histoire de Pinocchio, via Disney, mais est elle fidèle au roman original ?
L’adaptation de Disney est très réussie, elle a fait date. Mais est-elle parfaitement fidèle au roman ? Ça, c’est une autre affaire. On a les aventures, on a les figures… Mais le changement majeur entre le roman et l’adaptation qu’en a faite Disney concerne précisément le personnage de Pinocchio. Dans le dessin animé, Pinocchio est une marionnette en bois, c’est comme cela qu’il est décrit et représenté alors qu’en réalité, quand on travaille sur l’oeuvre de Collodi, on se rend compte que Pinocchio n’est pas vraiment une marionnette et qu’il n’est pas complètement en bois ! Une marionnette, c’est précisément un objet qui est manipulé, manipulable et qui n’a pas de libre-arbitre. Dans le roman de Collodi, Pinocchio a son libre-arbitre, il a toujours le choix, même s’il fait la plupart du temps les mauvais. De plus, quand on dit de quelqu’un qu’il est en bois ou en pierre, en général c’est pour dire qu’il ressent peu les émotions, qu’il manque d’empathie. Chez Pinocchio, c’est tout l’inverse… Pinocchio ressent toutes les émotions très fort, comme un écorché. Enfin, chez Disney, le principal trait de caractère de Pinocchio est qu’il est menteur. Dans le roman, quelle surprise de découvrir qu’il ment assez peu. En revanche, on lui ment beaucoup et il est très crédule. Toute la complexité du personnage, c’est qu’il est en réalité le plus vivant des personnages du roman. Les marionnettes seraient plutôt les adultes.
Pourquoi avoir choisi le thème des arts forains ?
Parce que l’un des thèmes majeurs de Pinocchio, c’est la création. Il n’y a pas seulement les artistes qui sont créateurs, les parents aussi le sont. Donc la question de l’artisanat se devait pour nous d’être au cœur du spectacle, c’est-à-dire qu’on puisse montrer sur scène une équipe de personnes qui créent, qui fabriquent. Pour moi, il y a aussi un autre enjeu et non des moindres : pour certains spectateurs, la représentation de notre Pinocchio à Franconville sera leur première rencontre avec le théâtre, et c’est important que ce soit un choc esthétique. Il est important de se dire qu’au théâtre, tout est possible. Dans notre spectacle, il y a beaucoup de costumes, de décors, d’accessoires, de lumière, de vidéo… Nous cherchons à faire un théâtre en mouvement, un théâtre créatif et spectaculaire qui puisse faire de ce moment un voyage marquant. L’aspect générationnel dans la salle est également important. Il y a plusieurs lectures possibles dans le spectacle, plusieurs portes d’entrées. C’est encore plus riche quand les parents et les enfants sont ensemble, puis discutent du spectacle sur le chemin du retour ou à la maison.
Pinocchio, dimanche 15 décembre à 16h,
à l’Espace Saint-Exupéry
À partir de 8 ans – Durée : 1h25 – Tarif : 12€ à 20€
Bord de scène à l’issue du spectacle