Le vendredi 8 novembre à 21h, l’Espace Saint-Exupéry accueille la comédienne Julie Depardieu, qui incarne Magda Goebbels, première dame du troisième Reich, et mère six fois infanticide, dans la pièce « Bunker », de Christian Siméon.
Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
Quand j’ai accepté « Bunker » c’était pour une lecture au festival de Grignan. J’ai dit oui tout de suite, sans connaître le projet, mais la personne en face me dit : « Mais Julie tu n’as pas lu le texte, fais attention car tu jouerais Madga Goebbels. ». Ce que j’aime bien dans les lectures, c’est justement que tu ne choisis pas. C’est comme la vie. J’aime bien ne pas forcément comprendre, ne pas adorer la première fois. Là je lis le texte de Christian Siméon et j’adore tout de suite. J’ai dit oui car même si c’est Magda, je trouve ça magnifique.
Connaissiez vous l’histoire de Magda Goebbels avant ?
Je me souvenais qu’il y en avait une qui avait tué ses enfants, mais je ne savais pas forcément que c’était elle. Je connaissais Christian Siméon, je savais que c’était un grand auteur. Dès la deuxième page je me suis dit « Magda, c’est moi. C’est un humain sur terre ». Car le texte réussit à raccrocher cette Madga Goebbels, qui paraît un monstre, de l’humain qu’on est, que vous êtes, que je suis. Car il faut se méfier de nous-même. Je pense que, de toute façon, mettre sa confiance dans un discours totalitaire qui va te dire : « Tous tes problèmes c’est de la faute de ceci ou de cela », c’est de toute façon une grande idiotie. Magda est une personne très intelligente. Mais même l’intelligence ne protège pas du pire.
Selon vous, naît-on monstre ou le devient on ?
On est tous capable de devenir un monstre. Madga Gobbel se laisse séduire par des idéologies bidons, mais en toute honnêteté. Je me dis qu’elle représente l’Allemagne exsangue de la Première Guerre mondiale, humiliée. Magda veut se relever, briller, être fière de son pays, et cela passe par ce discours totalitaire. Je trouvais que c’était un texte magnifique d’éclairage sur les humains que nous sommes tous, et le pire qu’on peut faire est à portée de main. On peut tous le faire. On peut tous se planter.
Comment arrivez vous à prendre du recul en interprétant un tel rôle ?
Au début, j’ai eu très peur. Surtout qu’après la lecture à Grignan, le fait de reprendre la pièce a été très vite évoqué. J’ai dit oui, mais pas tous les jours. Tu ne peux pas faire semblant de tuer tes enfants tous les jours. Quand je fais quelque chose c’est souvent moi qui le fais. Là je ne me disais pas « Tu es Magda », là c’était moi. Mais je me disais « Quelle galère ! » Je trouve néanmoins que ce texte nous rapproche du pire qu’on peut faire. Après, vous dire que c’est agréable à jouer… Mais c’est primordial pour les humains que nous sommes, surtout dans le contexte actuel.
« Bunker » le vendredi 8 novembre à 21h à l’Espace Saint-Exupéry
A partir de 12 ans / Bord de scène à l’issue du spectacle – Durée : 1h
Une pièce de Christian Siméon – Avec Julie Depardieu et Stefan Druet Toukaïeff